C’est décidé. Les Chrétiens de Syrie ont pris les armes. Selon le journal britannique Daily Telegraph, les communautés chrétiennes de la ville d’Alep ont formé leur propre milice, la première depuis l'éclatement de la crise en Syrie, à la mi-mars 2011. Ayant obtenu des armements de l’armée syrienne régulière, ils ont mobilisé les scouts pour surveiller les églises, et ont unifié leurs rangs avec les communautés arméniennes, pour contrecarrer les attaques des miliciens de l’ASL et d’entraver leur entrée dans les régions et quartiers chrétiens. Leur nombre s’élève à près de 150 combattants, selon le journal britannique. Ils sont entrés en action depuis le mois dernier, lors qu’ils sont parvenus à contraindre une milice de l’ASL à rebrousser chemin, alors qu’elle tentait d’investir leur quartier historique Jdeidé. C’est par la suite que les forces gouvernementales les ont rejoints pour les assister et déclarer que les milices ont été repoussées. « Tous les chrétiens y trouvent leur compte : les Arméniens parce qu’ils pensent que leurs oppresseurs Turcs ont envoyé l’ASL pour les attaquer, les chrétiens qui veulent défendre leurs quartiers, les forces gouvernementales pour combattre l’ASL, même le parti travailliste kurdistan s’est fait sa propre milice », a indiqué Georges, un chrétien syrien au journal. Ce dernier estime que la bataille d’Alep est particulièrement amère, depuis que le rôle des groupes djihadistes armés s’est avéré beaucoup plus que dans les autres villes. Ce qui a fait craindre aux minorités d’avoir le même sort que celui des Chrétiens d’Irak, en raison de la violence qui l’a ravagé après son invasion en 2003. Un religieux syrien d’Alep vivant actuellement au Liban et qui se fait appeler John a confié au journal : « les riches et les minorités à Alep, contrairement à ce qui est propagé, ne soutiennent pas tous le régime. Mais ils ont senti qu’ils sont obligés de se défendre contre des immigrés paysans qui utilisent la guerre pour détruire le cœur de la ville développée ». Et de poursuivre : " je ne soutiens pas le gouvernement. Mais l’ASL est une bande de voyous et de voleurs, j’ai vu de mes propres yeux leurs miliciens, ils volent même les usines de tissus et dérobent leur contenus, comme les bombonnes à gaz, les produits et mêmes les machines à coudre" . Davantage d’églises brûlées Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’archevêché des Syriaques catholiques, situé dans le quartier Hamidiyyé de la ville de Homs ainsi que la chapelle qui lui est affiliée ont été incendiés. Selon le site Syria Truth, les auteurs de cet acte de sabotage ne sont autres que les milices de la Brigade Al-Farouk de l’Armée syrienne libre financée par l’Arabie saoudite. Une source de l’archevêché a révélé dans un contact téléphonique que des dizaines de miliciens ont apporté une grande quantité de carburant et l’ont répandu dans l’entourage de l’archevêché, et dans son intérieur, avant d’y mettre le feu. Le site assure que l’archevêché a été à plusieurs reprises saccagé par les miliciens, qui l’ont ensuite confisqué et transformé en une caserne et un siège pour leurs miliciens depuis le mois de mai dernier. Le quartier Hamidiyyé a été occupé par les bandes d’Al-Farouk depuis près d’un an. Depuis ses habitants qui sont des Chrétiens dans leur majeure partie l’ont quitté à la demande des miliciens qui les ont visités maison par maison. Il ne reste plus que 83 citoyens, à la foi des chiffres du patriarcat syriaque catholique. Et les réfugiés palestiniens de Syrie veulent y retourner. Quelques 580 familles palestiniennes vivant en Syrie ont quitté leurs camps et se trouvent actuellement dans les camps de refugies libanais de la ville sudiste de Saïda, en l’occurrence Ein el-Hélwé. Négligés par l’agence onusienne de l’Unrwa chargé en principe de tous les réfugiés palestiniens, et pas assez encadrés par les organisations palestiniennes, elles-mêmes débordées, elles comptent retourner en Syrie : « depuis notre arrivée au camp, fin juillet, l’Unrwa ne nous a rien offert, comme assistances en pièces, pour assurer les besoins vitaux. Ce que les fondations nous ont offert des denrées qui ne nous suffisent que pour quelques jours. Nous préférons revenir en Syrie, malgré la dureté de ce qui s’y passe là-bas pour ne pas devenir des mendiants » a affirmé M.H. Abdel Dayem pour le journal libanais as-Safir. Arour perd patience Entretemps, le guide spirituel de certaines milices de l’insurrection syrienne, le cheikh salafiste Adnane Arour s’est offusqué contre l’opposition syrienne, et surtout le Conseil national syrien, contre les Arabes et certains dirigeants libanais. « Vous autres Arabes traitres, vous êtes toujours en train de réfléchir ? Toi le CNS le plus grand traitre, tu n’as pas encore terminé tes consultations ? Tu n’as pas encore terminé ta cuisine pourrie ? Toi le CNS le traitre et l’insolent tu n’as pas encore fini tes partisanneries et tes comportements exécrables ? Je jure que nous allons vous juger. Je jure par Dieu qu’aucun syrien ayant manqué à son devoir ne mettra son pied en Syrie avant d’être jugé, ni aucun des traitres de la Ligue arabe, ni des dirigeants arabes ni des dirigeants libanais et leur semblables... », a-t-il juré. Arour en veut aussi aux différents états qui s’arrêtent au veto russe, estimant qu’il s’agit là d’un complot. 400 tonnes d’armements pour les miliciens Pour sa part, le journal britannique The Time a fait état de l’envoi aux miliciens de la plus grosse cargaison d’armements, en provenance de Libye. Elle est arrivée depuis quelques jours à bord d’un navire au port turc d’Iskenderun et comprendrait 400 tonnes d’armements, dont entre autre des missiles Sam 7 sol-air anti aérien et des obus RPG. Une source turque a confirmé au journal britannique cette information, signalant que des désaccords ont éclaté entre les Frères musulmans et l’ASL sur la partie qui devrait prendre l’armement, et indiquant que 80% de cet armement a déjà été acheminé en Syrie. L’armée libanaise avorte un trafic d’armes et de miliciens Dans ce contexte, l’armée libanaise a saisi un camion dans la région Raas-Baalbek, dans la Bekaa, et qui transportait 8 syriens et des armements légers, des grenades, des obus B7 et des déclencheurs électriques, ainsi que des appareils de communications. Selon le site Al-Intikad, l’armée libanaise a aussi libéré quatre gardes-frontières syriens qui ont été enlevés dans la nuit de jeudi a vendredi, de leur poste-frontière à Tel-Afrit, par une bande de quatre hommes (un libanais et trois syriens) venus du Liban. Terrain A Alep, une unité des forces spéciales de l’armée régulière est parvenue à évacuer la chapelle évangélique qui a été occupé par des miliciens de l’ASL dans le quartier chrétien de Jdeidé. Par ailleurs, et selon le correspondant du site Syrian Documents, l’armée poursuit son avancée dans les quartiers de l’est de la ville, notamment à Bustane-Kasr, Hanano, Kallassé, Sakhour, et la rue Nasr où les cadavres des miliciens et des militaires tués jonchent les rues. Alors que des accrochages violents ont lieu dans les quartiers Ferdous, Bab-Nasr et Jdeidé, ainsi qu’à Sayed Ali, Hamidiyyé, Kastal-Harami. L’armée régulière poursuit le nettoyage du quartier Mayadine, occupé par les miliciens depuis deux jours. Selon Arabs Press, des dizaines de miliciens ont été tués jeudi dans un assaut contre le poste de police de ce quartier. Les forces gouvernementales ont de même détruit ce jour-là 8 véhicules dans le quartier Sakhour, et ouvert le feu sur des miliciens dans les quartiers Sukkari et Jabiriyyé. Dans la province d’Alep, les hélicoptères ont bombardé un convoi de voitures équipées de mitrailleuses, se dirigeant vers Alep, et tué 5 miliciens dans le village Reytane. Ce vendredi encore, l’armée régulière a perquisitionné un repaire des miliciens dans la région Zabadiyyé, arrêté 12 miliciens et confisqué leurs armements. Elle a aussi détruit 6 voitures équipées de mitrailleuses dans deux régions de la province d’Alep. Dans la province de Homs, les forces gouvernementales en a détruit des véhicules similaires à Al-Ksseir. Dans la province de Damas, les forces gouvernementales ont nettoyé la totalité de la localité de Yelda situé à l’est de la capitale (à proximité de la région de Sayyeda Zaynab). Elle a poursuivi en même temps la traque des miliciens dans les régions de ‘Arbine, Bebella et à Douma aussi. Selon Arabs Press, trois chefs miliciens ont été abattus. L’armée a également perquisitionné plusieurs maisons dans la régionHajar-Asouad utilisées pour fabriquer des engins explosifs. Selon le correspondant du site Shukumaku, des dizaines de miliciens ont été tués et blessés dans ce quartier. Dans le gouvernorat de Homs, des sources pro gouvernementales ont annoncé la mort de 51 insurgés armés dans les quartiers Bab-Houd, Sultaniyyé, et Baladiyyé, situés dans les vieux quartiers de la ville. Selon Syrian Documents, un chef milicien de l’ASL a aussi été tué dans le quartier Bab-Drib. Dans la région de Hassaké, 16 miliciens ont été arrêtés et leur armement saisis lors des perquisitions de leur repaire |